Rouille, corrosion : la tour Eiffel est en danger ?
La tour Eiffel, emblème indéfectible de la France, connaît les affres du temps, confrontée à un adversaire redoutable : la rouille. Sa structure en fer puddlé, bien que robuste, n’est pas à l’abri de la corrosion engendrée par l’humidité. Des rapports confidentiels révèlent que le monument est en mauvais état depuis plusieurs années, avec des problèmes de maintenance et de dégradation.
Malgré une planification pour les Jeux Olympiques, la campagne de peinture est critiquée pour son manque de suivi et son coût élevé. Seule une petite partie de la structure a été traitée. Les experts craignent que cette campagne ne soit qu’un pansement sur une situation grave. Mais alors, La tour Eiffel est-elle vraiment en danger ?
Tour Eiffel rouillée : une menace imminente pour son intégrité
La tragédie de l’incendie de Notre-Dame a soulevé des questions alarmantes sur la sécurité d’autres monuments emblématiques de la France.
Parmi eux, la Tour Eiffel qui suscite désormais de vives inquiétudes quant à son état de conservation. Selon plusieurs rapports confidentiels, le célèbre édifice est confronté depuis plusieurs années à une dégradation significative, tandis que ses opérations de maintenance laissent à désirer.
« C’est bien simple, si Gustave Eiffel visitait les lieux, il aurait une syncope », s’est exprimé avec inquiétude un cadre du site.
Dans son livre « La Tour de 300 mètres », publié en 1900, le célèbre ingénieur n’écrivait-il pas que :
Or, après 133 ans, la rouille a malheureusement pris racine en certains endroits, rongeant le fer du monument telles les termites rangent le bois.
Dans ce contexte, les avertissements de Gustave Eiffel sur l’importance de la peinture dans la préservation des structures métalliques sont plus pertinents que jamais. Cependant, ces mises en garde semblent avoir été négligées, laissant certaines parties de la Tour exposées à la corrosion.
La peinture de la Tour Eiffel : Entre tradition et technicité
Gustave Eiffel avait préconisé que la tour Eiffel devait subir une opération de repeinte tous les 7 ans, comme le rapporte le site officiel du monument.
Cette recommandation a été suivie de près au fil du temps, comme l’atteste la même source : la célèbre Dame de fer a été repeinte à 19 reprises au cours de ses 130 années d’existence, soit quasiment une fois tous les sept ans. Pour l’ingénieur visionnaire, la peinture constituait « l’élément essentiel de la conservation d’un ouvrage métallique », et il insistait sur le fait que « les soins qui y sont apportés sont la seule garantie de sa durée ».
Pourtant, la vingtième et dernière campagne de peinture qui avait débuté en 2019 en vue des Jeux de Paris 2024. a été considérée comme nettement plus complexe que ses prédécesseurs. Cette initiative avait connu d’importants retards en raison de la pandémie, ainsi que d’une suspension des travaux causée par une contamination au plomb.
Défi du désamiantage: Tour Eiffel en transition
En effet, jusqu’en 1995, la majestueuse Tour Eiffel était revêtue de peinture au plomb, une pratique courante pour ses propriétés anticorrosion.
Et bien que cette peinture ne soit pas intrinsèquement dangereuse, son risque réside dans sa dégradation, libérant des poussières toxiques lorsqu’elle se détériore ou lorsqu’elle est grattée, menaçant ainsi la santé et l’environnement.
Depuis 2018, pour la toute première fois de son histoire, un projet de « grattage » de la couche de 3 mm des anciennes peintures de la Tour Eiffel a été envisagé.
Le maître d’œuvre de cette 20ème campagne de peinture de la Tour Eiffel a souligné le caractère « inédit » et « complexe » de l’opération. Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des Monuments historiques, a exprimé sa perspective sur cette première expérience de décapage de la tour, qualifiant la réussite de l’opération de « prouesse technologique« .
Ce décapage qui s’est avéré ardu en raison de la présence du plomb dans le revêtement de la tour, a conduit à la réinvention complète des techniques de chantier et la redéfinition des protocoles de travaux, entraînant des coûts conséquents. En effet, Depuis l’incident de pollution au plomb causé par l’incendie de Notre-Dame en 2019, les conditions de sécurité sanitaire sur les chantiers ont été renforcées, a assuré l’architecte.
Selon le site de la Société d’exploitation de la Tour Eiffel (Sete), un organisme public de la Ville et du Grand Paris, cette opération n’a concerné que 10 % de la surface du monument. quant à l’élimination complète des 350 tonnes de vieilles peintures au plomb, elle nécessitera plusieurs décennies.
La tour Eiffel est-elle vraiment en danger ?
Ecaillage de peinture
Ecaillage de peinture
Ecaillage de peinture
Ecaillage de peinture
Corrosion
Corrosion
Corrosion
Corrosion
Corrosion
« La rouille attaque la structure et c’est évident. Nous sommes très inquiets. Bien sûr, cela ne risque pas de s’effondrer du jour au lendemain. Cependant, lorsque la rouille attaque le fer, les dommages sont irréversibles. Même après décapage et repeinture, le métal perd de sa qualité. C’est le risque encouru sans une intervention urgente. Nous sommes en train de priver la Tour de nombreuses années de vie. » avait souligné un délégué syndical.
Pierre-Antoine Gatier, quant à lui, a assuré que la Tour Eiffel n’est pas menacée. Concernant la corrosion, il a souligné qu’elle était « strictement superficielle » et n’affectait pas la solidité des pièces de fer. Sur les 18 000 pièces au total, seules 68 étaient sujettes à une alerte, principalement des éléments secondaires, pour lesquels il n’y avait pas d’urgence de réparation. « Six pièces ont été traitées, nous préparons la suite », avait–il ajouté.
La tour Eiffel n'est pas en danger
« Il n’y a aucun problème de sécurité », a également affirmé Bernard Giovanonni, conseiller technique auprès de la Sete de 2009 à 2016. Ce chimiste de profession a rédigé, à la demande de la société d’exploitation, les trois rapports mentionnés par Marianne, évaluant l’état du revêtement de la Tour Eiffel.
Il a souligné que la Tour Eiffel est construite en fer puddlé, un matériau moins sujet à une corrosion agressive.
L’expert a principalement évoqué des problèmes esthétiques constatés huit ans plus tôt sur le monument parisien. « Il fallait effectuer des travaux. Depuis le sol, on pouvait observer un décollement de la peinture. Elle se détériorait au niveau du revêtement vieillissant. Mais il n’y avait pas de problèmes majeurs de corrosion« , a-t-il expliqué.
Le fer puddlé : Fondation solide de la tour Eiffel
Le fer puddlé, une invention révolutionnaire du début du XIXe siècle, a profondément transformé l’industrie sidérurgique. Mis au point par l’ingénieur britannique Henry Cort en 1784, ce procédé consiste à purifier le fer en le chauffant à haute température dans un fourneau à puddler, où il est mélangé avec du charbon de bois ou du coke et agité et battu pour oxyder le fer et éliminer les impuretés telles que le carbone et le phosphore, le rendant moins susceptible à la corrosion que le fer traditionnel.
Cette technique a permis de produire un fer de haute qualité à grande échelle, devenant ainsi le pilier de la révolution industrielle en fournissant le matériau de base pour la construction des chemins de fer, des ponts et des bâtiments. Le fer puddlé a également joué un rôle majeur dans le développement des navires en fer, ouvrant ainsi de nouvelles voies pour le commerce maritime mondial. Son impact sur l’essor économique et technologique du XIXe siècle demeure indéniable. Dans le cas de la Tour Eiffel, cette méthode de fabrication a été essentielle pour produire les composants en fer nécessaires à sa structure imposante.
En fin de compte, en dépit des préoccupations soulevées quant à l’état de notre dame de fer, la voix des experts offre, donc, un réconfort rassurant. Leurs analyses attestent que les problèmes de corrosion demeurent superficiels et ne menacent pas la structure fondamentale du monument. Les expertises officielles apaisent les craintes et invitent à une confiance renouvelée dans la solidité de cette icône architecturale.
Ainsi, alors que les débats persistent, la Tour Eiffel demeure un symbole de résilience, préservant son héritage pour les générations à venir.
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