Valorisation des bétons de déconstruction : un enjeu pour la construction durable
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La valorisation des bétons est au cœur des défis contemporains du secteur de la construction, qui cherche à concilier la demande croissante en infrastructures avec une réduction significative de son impact environnemental. Ce processus crucial s’inscrit dans une démarche de transition vers une économie circulaire, où la gestion des déchets de construction, notamment les bétons issus de la déconstruction, prend une place prépondérante.
En France, environ 19 millions de tonnes de bétons de déconstruction sont générées chaque année, avec une majorité réutilisée principalement pour des travaux routiers.
Cependant, la valorisation des bétons peut et doit aller au-delà de ces usages traditionnels, transformant des déchets en ressources précieuses et contribuant à une construction plus durable.
Comprendre la diversité des déchets du BTP et l'importance des bétons de déconstruction
Le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) est le plus grand producteur de déchets en France, générant environ 227 millions de tonnes par an. Ces déchets proviennent principalement de la réhabilitation et de la démolition des bâtiments, représentant près de 75 % des déchets totaux produits dans le pays. Parmi ces déchets, les bétons jouent un rôle majeur, constituant plus de 8 % des déchets inertes, c’est-à-dire des matériaux qui ne se décomposent pas et n’ont pas d’impact direct sur l’environnement.
Cette situation met en évidence l’importance de la valorisation des bétons, qui se décline en plusieurs approches innovantes :
- Le recyclage des bétons de production : Les résidus de béton issus de la fabrication, tels que les rebuts de production et les excédents non utilisés sur chantier, peuvent être recyclés et réintégrés directement dans la production de nouveaux bétons.
- La valorisation des bétons de déconstruction : Les matériaux provenant de la démolition ou de la réhabilitation des bâtiments sont transformés pour être réutilisés dans de nouveaux projets, comme les sous-couches routières ou les fondations. Ces méthodes visent à transformer les déchets en ressources réutilisables, réduisant ainsi la nécessité d’extraction de matières premières et les impacts environnementaux associés.
Les bétons de déconstruction : une ressource sous-exploitée à fort potentiel
Loin d’être de simples déchets, les bétons issus de la déconstruction sont une ressource abondante et prometteuse pour une construction durable. Au lieu d’envisager leur enfouissement, ces matériaux peuvent être concassés, triés et réutilisés dans divers projets de génie civil. Par exemple, leur utilisation dans les sous-couches routières permet de diminuer la consommation de granulats naturels et de limiter les besoins en nouvelles extractions.
La mise à jour de la norme NF EN 206+A2/CN en 2022 par l’Afnor reflète cette évolution. Cette norme autorise désormais l’utilisation de sables recyclés (jusqu’à 20 %) et de granulats recyclés (jusqu’à 60 %) dans la formulation de bétons. De plus, la norme NF EN 197-6 permet l’emploi de fines de bétons recyclés pour produire des ciments bas carbone, soulignant l’intérêt croissant pour la valorisation des bétons de déconstruction.
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Recarbonatation des bétons : un atout écologique encore méconnu
La valorisation des bétons va au-delà de leur réutilisation matérielle. Un aspect clé de cette démarche est la recarbonatation, un processus naturel où le béton, une fois concassé et exposé à l’air, absorbe le dioxyde de carbone (CO2) pour former du carbonate de calcium (CaCO3). Ce mécanisme permet de capturer environ 10 % du CO2 émis lors de la production du ciment.
Des études, comme celle menée par l’Université de Californie, montrent que l’utilisation de bétons de déconstruction dans les sous-couches routières pourrait réduire les émissions de CO2 de 30 % par rapport à l’utilisation de matériaux vierges. Ce phénomène est particulièrement bénéfique en fin de vie des structures, lorsque le béton est broyé et que sa surface d’exposition au CO2 augmente, maximisant ainsi sa capacité de captation de carbone.
Vers une recarbonatation accélérée : des perspectives prometteuses pour la construction
Des techniques de recarbonatation accélérée sont en cours de développement pour optimiser la capacité des bétons à capter du CO2. Ce procédé consiste à exposer les bétons recyclés à une atmosphère riche en CO2, comme celle produite par les cheminées des cimenteries. Le projet Fastcarb, par exemple, vise à augmenter la proportion de CO2 captée, atteignant jusqu’à 25 à 30 % des émissions liées à la fabrication du béton.
Les résultats du projet Fastcarb ont démontré la faisabilité industrielle de cette technique sur des sites comme celui de Vicat à Créchy. Des bétons formulés pour des applications spécifiques, tels que les bétons prêts à l’emploi (BPE) et les éléments préfabriqués, peuvent bénéficier de cette technique tout en répondant aux exigences de durabilité et de performance.
Valorisation des bétons : vers une construction plus respectueuse de l’environnement
L’intégration de la valorisation des bétons et de la recarbonatation dans les pratiques de construction offre des perspectives prometteuses pour une transition écologique réussie. En valorisant les bétons de déconstruction, en réduisant les émissions de carbone et en prolongeant la durée de vie des matériaux, ces approches contribuent à une économie plus circulaire et à un avenir plus durable. Les recherches et les innovations en cours ouvrent la voie à un secteur du BTP de plus en plus respectueux de la planète, où chaque ressource est exploitée de manière optimale pour diminuer l’impact environnemental.
La valorisation des bétons, combinée à des pratiques innovantes comme la recarbonatation, transforme un défi en opportunité. Ces avancées marquent le début d’une nouvelle ère pour le secteur de la construction, où les matériaux en fin de vie retrouvent une utilité, participant ainsi à la création d’infrastructures plus durables et respectueuses de l’environnement.
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